Le discours de David Kilgour à la Knesset : "Mettre fin au pillage et au trafic d’organes en Chine "


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(de g à d): Shiping (Sarah) Lu, survivante chinoise de camp de travail forcé; RoyBar-Ilan, Directeur du Centre Israélien d’information sur le Falun Dafa, Moshe Feiglin, député et vice-président du Parlement israélien, David Kilgour et Ethan Gutmann, journaliste d’investigation et auteur de «Losing the New China». (Courtesy of David Kilgour)

Honorables membres de la Knesset,


Permettez-moi de vous remercier pour l’accueil que vous avez réservez récemment à la délégation du Canada. La visite et le discours de notre Premier ministre à la Knesset ont été largement relayés dans tout le pays.


Permettez-moi aussi de citer ici quatre extraits du discours du Premier ministre canadien:


"Le Canada soutient Israël parce que c’est fondamentalement ce qu’il faut faire... l’amitié spéciale entre le Canada et Israël est née de leurs valeurs communes... Israël est le seul pays du Moyen Orient à s’être ancré depuis longtemps dans des idéaux de liberté, de démocratie et de primauté du droit… lorsque les valeurs universelles sont menacées quelque part, elles le sont partout"


Lorsque la dignité humaine est bafouée à une si grande échelle en Chine, nous aussi sommes en danger, alors j’espère que les législateurs et les peuples de nos deux pays vont faire ce qui est droit, sans fausse crainte.


Tous les membres de la Coalition Internationale pour mettre Fin au Pillage et au Trafic d’Organes en Chine, sont heureux que vous teniez cette audience importante.


Le temps presse et je sais qu’en ce moment même en Chine, des hommes et des femmes innocents sont tués pour leurs organes vitaux, qui sont récupérés et vendus.

Le Falun Gong

Les pratiquants de la méthode Falun Gong (ou Falun Dafa) constituent le principal groupe cible. Cette méthode, utilise une série d’exercices doux pour le corps. Pour l’esprit, les principes de base sont «Vérité, Compassion et Tolérance», qui font écho à celles de nombreuses autres confessions spirituelles.


Le Falun Gong a été introduit auprès du grand public en Chine en 1992, où selon les propres estimations du gouvernement chinois, le nombre de pratiquant a atteint en sept ans 70 à 100 millions de personnes. Le système de croyance du Falun Dafa diffère nettement de l’athéisme/matérialisme du Parti communiste.


En Juillet 1999, Jiang Zemin, chef du Parti de l’époque, a lancé une violente campagne répressive dont l’objectif affiché était «d’éradiquer» le Falun Gong.


Il y a quelques années, un rapport du gouvernement américain concluait qu’au moins la moitié des détenus du vaste réseau de camps de travail forcé à travers la Chine, – environ 350 camps – sont des pratiquants du Falun Gong.


David Matas et moi-même avons interrogé d’anciens détenus dans différents endroits hors de Chine. Ces ex détenus ont toujours raconté que les membres du Falun Gong étaient à la fois le groupe le plus représenté dans les camps et ceux qui subissaient le plus de torture et de mauvais traitements de façon systématique.


Des dizaines de millions de pratiquants pacifiques et apolitiques du Falun Gong de toutes les régions et de toutes les conditions sociales ont en effet été traités comme des sous-hommes par le gouvernement de Pékin. La politique de l’État parti, est qu’ils peuvent en conséquence être tués à volonté sans possibilité de recours.

Les résultats des enquêtes indépendantes

Au mois de mai 2006, la Coalition d’Investigation sur la Persécution du Falun Gong en Chine (CIPFG) a demandé à David Matas et moi-même d’enquêter sur les allégations de pillage et de trafic d’organes commis sur les pratiquants de Falun Gong encore vivants. Nous avons publié deux rapports et un livre et nous continuons à enquêter sur cette question. (Notre rapport révisé est disponible en 18 langues, dont l’hébreu, sur www.david-kilgour.com). Nous avons conclu que pour 41.500 greffes réalisées entre 2000 et 2005 uniquement en Chine, la seule source plausible de cet approvisionnement massif s’appelait le Falun Gong.


Notre principale conclusion est que «aujourd’hui encore, sur une grande échelle, les organes des pratiquants de Falun Gong non-consentants sont prélevés (...) Leurs organes vitaux comme les reins, le foie et le cœur ainsi que la cornée, sont extraits contre leur volonté et vendus à des prix élevés, parfois à des étrangers, qui normalement devraient attendre très longtemps pour obtenir de tels organes en dons volontaires dans leur pays d’origine».

Les preuves des pillages et du trafic des organes

Permettez-moi de mentionner ici quelques éléments de notre enquête qui nous ont conduits à cette conclusion:


Nos enquêteurs ont passé de nombreux appels téléphoniques aux hôpitaux, aux centres de détention et aux autres installations à travers la Chine, se présentant comme des parents de patients nécessitant des greffes, avant de demander s’il était possible d’acheter des organes des gens du Falun Gong. Nous avons les enregistrements, puis les transcriptions et les traductions des admissions qu’un certain nombre d’installations dans le trafic des organes des membres du Falun Gong nous ont donné.


Les pratiquants du Falun Gong d’anciens prisonniers qui ont pu sortir de Chine, nous ont déclaré qu’ils avaient systématiquement subit des tests sanguins et des analyses de l’état de leurs organes dans les différents camps à travers le pays. Ce n’était bien sûr pas par soucis de leur état de santé, puisqu’ils étaient régulièrement torturés. C’était par contre nécessaire pour effectuer des transplantations d’organes et pour la construction d’une banque de «donneurs» vivants.


Dans quelques rares cas, les familles des pratiquants de Falun Gong ont pu voir les corps mutilés de leurs proches après leur mort et avant leur crémation. Des organes y avaient été enlevés.


Nous avons interviewé l’ex épouse d’un chirurgien de Sujiatun dans la ville de Shenyang, Liaoning. Il lui a dit qu’il avait enlevé les cornées de 2.000 prisonniers du Falun Gong entre 2001 et 2003. Il lui a précisé qu’aucune de ces personnes n’avait survécu à l’expérience car d’autres chirurgiens avaient enlevés d’autres organes des mêmes sujets et que les corps avaient ensuite été brûlés.

Les réactions de la Communauté Internationale
Le Parlement Européen


En 2006, le Parlement européen a tenu une audition et a adopté une résolution condamnant la détention et la torture infligées aux pratiquants de Falun Gong. Il avait exprimé son inquiétude concernant les allégations de prélèvement d’organes. Lors des audiences récentes, Tunne Kelam du Comité des affaires étrangères a fait remarqué que «si nous ne prenons pas de mesure sérieuse au sujet de ces pratiques, nous en devenons moralement et politiquement complices».


Les États-Unis

Depuis Juin 2011, le formulaire électronique de demande de visas non-immigrant pour les États-Unis (formulaire DS-160) interroge les candidats s’ils ont été impliqués dans les transplantations d’organes.


En Juillet 2013, Ileana Ros-Lehtinen (Républicaine/Floride) et le député Robert Andrews (Démocrate/New jersey) ont introduit la Résolution 281 à la commission des Affaires étrangères, qui demande à la Chine d’arrêter immédiatement le trafic d’organe de ses prisonniers. Il ajoute: «des rapports continuels et crédibles de prélèvement systématique des organes, avec l’accord de l’État sur des prisonniers de conscience non consentants» est le principale sujet de préoccupation, puis il fournit des preuves qui montrent le lien entre le trafic d’organes et une campagne obsessionnelle de persécuter et «d’éradiquer» la pratique du Falun Gong.

Israël

La Knesset a courageusement adopté une loi interdisant la vente et le courtage des organes. La loi a également mis fin au financement par le système d’assurance-maladie des transplantations en Chine pour les ressortissants israéliens. Dans sa contribution au livre State Organs, Jay Lavee directeur de l’unité de transplantation cardiaque au centre médical de Sheba expliquait le vote favorable de cette loi comme une réaction à l’abus des transplantations en Chine. Israël mène actuellement une campagne mondiale pour mettre fin au trafic des organes.


L’Ireland
En Juillet dernier, le Comité mixte des affaires étrangères et du commerce irlandais a tenu une audience et adopté à l’unanimité une motion qui demandait au gouvernement d’Ireland de soutenir l’initiative de l’ONU et du Conseil de l’Europe pour s’opposer aux prélèvements d’organes forcés en Chine.

L’Australie

Au Parlement de Nouvelle-Galles du Sud, une proposition de loi a été déposée en 2013 contre le trafic d’organes. Elle interdit à tout résident de l’Etat d’acheter un organe issu du trafic d’où qu’il provienne. En Mars 2013, le Sénat australien a adopté à l’unanimité une motion exhortant le gouvernement à s’opposer aux prélèvements d’organes en Chine. La motion demande également au gouvernement de suivre l’exemple des États-Unis et de mettre en place un nouveau formulaire de demande de visas.

Le Royaume-Uni

J’ai appris que le registre des données de transplantation du NHS (National Health Service est le système de la santé publique du Royaume-Uni), montre que certains ressortissants britanniques vont toujours en Chine pour y obtenir des greffes d’organes et qu’à leur retour le NHS assurait le suivi postopératoire. Nous ne pouvons qu’espérer vraiment que ces ressortissants du Royaume-Uni et ceux des autres pays étrangers qui se rendent en Chine pour faire du tourisme d’organes, ignorent l’horreur infligée aux «donneurs».

Les ONG

Plusieurs organisations médicales ont publié des déclarations exhortant à arrêter le pillage d’organes. Ainsi, en 2006, l’Association médicale mondiale (AMM) a demandé que la Chine cesse d’utiliser ses prisonniers comme donneurs d’organes. Récemment, la politique de l’AMM a ajouté un paragraphe à sa politique, stipulant que les dons d’organes des prisonniers venant des pays pratiquant la peine de mort n’étaient plus acceptés.


Je salue particulièrement le travail du Dr Jay Lavee et des Médecins contre le Prélèvement Forcé d’Organes (DAFOH), qui a été efficaces dans un certain nombre de nations.


Ce que nous avons trouvé

Matas et moi-même avons procédé à des entretiens très poussés auprès des receveurs d’organes et de leurs proches. Les opérations chirurgicales sont effectuées dans un secret quasi absolu. L’identité des donneurs n’est jamais révélé aux transplantés, ni à leurs réseaux de soutient, pas plus qu’un consentement écrit des donneurs. L’identité du chirurgien et de son équipe est rarement divulguée, malgré les demandes d’informations.


Un patient qui a reçu un organe nous a dit que à Shanghai, le médecin militaire, le Major Tan, a testé sept reins avant d’en trouver un compatible. Le médecin quittait l’hôpital en tenu militaire, et revenait un peu plus tard avec plusieurs reins dans son bac.

Nos Recommandations

La Coalition Internationale pour mettre Fin au Pillage d’organes poursuivra son travail jusqu’à ce que ce commerce inhumain cesse totalement en Chine. Jusqu’à ce que la dénonciation publique de l’Etat-parti, s’avère efficace, d’autres pays et leurs législateurs ont la responsabilité de mettre fin à toute complicité avec cet abus inhumains à commencer par nos propres ressortissants.


À l’image d’Israël, d’autres gouvernements devraient adopter des mesures criminalisant sur leur sol et à l’étranger l’achat d’organes issus du trafic. Ces gouvernements pourraient aussi exiger la déclaration de «tourisme d’organes», interdire l’entrée sur leur territoire aux personnes impliquées dans le trafic d’organes, et empêcher leurs compagnies pharmaceutiques de faire des tests sur le terrain de transplantation et des essais cliniques en Chine.


Les hommes et les femmes d’affaires responsables devraient réduire leurs activités commerciales et leurs investissements en Chine jusqu’à ce que le gouvernement chinois cesse le trafic d’organes. Dans la mesure ou par l’entremise de toutes ses ambassades, Pékin orchestre et répand la haine et de fausses informations contre le Falun Gong, comment peut-on continuer à faire des affaires comme si de rien n’était ? Cela revient à financer et à entretenir un État-parti, qui pille les organes de ses propres citoyens pour les vendre.


Selon toute vraisemblance, défendre la dignité humaine n’endommagera pas les relations commerciales, ni ne coûtera des marchés avec la Chine. Comme en témoignent la Norvège, la République Tchèque et le Canada. Lorsque en 2010, Liu Xiaobo a reçu le prix Nobel de la paix, le gouvernement de la Norvège a reçu une pression considérable de l’ambassade de Chine à Oslo, le prix a été attribué et aucune conséquence nuisible n’en a résultat pour l’économie de la Norvège.


Le regretté Vaclav Havel a affronté de pareilles menaces lorsqu’il avait invité le Dalaï Lama à Prague, mais Sa Sainteté est venue et rien ne s’est passé. De même, le Premier ministre Harper a reçu beaucoup de menaces de Pékin quand il a déclaré qu’il ne laisserait pas «le tout-puissant dollar» déterminer la politique chinoise de son gouvernement. A peu près à la même époque, alors que des menaces du parti-État chinois fusaient, Bombardier annonçait avoir signé son plus gros contrat jamais réalisé en Chine. Je pense qu’un certain nombre de chefs de partis chinois respectent les dirigeants de nations démocratiques qui défendent la dignité humaine.


Sur une question aussi grave, qui dépasse le cadre de la seule Chine, nombre d’entre nous ici, devront avoir un impact plus important, non seulement pour protéger les milliers d’innocents qui sont tués, mais aussi pour le bien de Chine et la de communauté internationale toute entière. Nous aimerions tous voir une Chine où règne le droit, la dignité pour tous et une gouvernance démocratique.


Merci à tous
L’Hon. David Kilgour, JD

Version en anglais:
Ending Organ Pillaging/Trafficking in China

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